Ce spectacle est un moment unique, celui de l'ouverture d'un espace poétique vivant et silencieux.

Caroline Lagouge Chaussavoine et Gaël Mevel, orfèvres en improvisation, apprivoisent depuis longtemps le silence, en traçant chacun un sillon où la liberté se confronte à l’apprentissage, un sillon qui se nourrit, en se creusant, des terres qu’il rencontre.

Même si d’autres choses sont en jeu, ( le respect,  l’écoute,  l’humilité ) , le silence est sans doute ce qui les relie de manière si forte, si claire : ils savent que leur art y naît chaque fois.

Le silence est le lieu où se rejoignent la lumière et l’ombre, le mouvement et l’immobilité, le son et son silence.
Le silence n'est pas une absence.

L'exigence, ici, est d'improviser à chaque fois ce spectacle.

C'est simplement une nécessité pour ces deux artistes dont c'est le chemin, qui, s'il est de traverse, nourri et libre, mène à l’endroit où tout se crée : le lieu de la naissance des choses.

L’improvisation ouvre alors les portes du silence et derrière se trouvent le son, le geste, (ici nous pouvons parler du terreau qui féconde ces pratiques et dont nous bénéficions tous : la littérature, l’aube, la forêt, la voix, le vent, la pluie, l’attente, le désordre, et le feu).

Dans ce spectacle, une travée lumineuse ouvre l’espace, crée la dichotomie, et devient le lieu du rassemblement, en créant un ailleurs, un au delà du matériau.

Une grande écoute, intérieure, extérieure, une grande complicité, un amour du dénuement, une acceptation du risque qui transforme l’instant en présent, amènent le spectateur à s’inscrire dans ce moment, témoin de ce langage inventé pour lui.